La privatisation du Groupe ADP (ex Aéroport de Paris) a été adoptée par le Parlement le 11 avril 2019, après débat et forte oppostion d'une partie des députés.
ADP, Aéroport de Paris, appelé aussi Roissy CDG (Charles de Gaulle) n'est pas qu'une plateforme aéroportuaire, c'est un groupe au statut international, recouvrant de nombreuses activitées, et qui avait, en 2018, un chiffre d'affaire d'environ 4 milliards et demi.
Qu'est-ce que le groupe ADP ?
- Deux des plus importantes plateformes aéroportuaires, Roissy par laquelle transitent 72 millions de passagers et Orly qui en voit passer 33 millions ...mais ADP possède aussi Le Bourget ainsi qu'une dizaine d'autres aéroports.
- Les grands centres commerciaux de ces plateformes soit quelques 386 boutiques au chiffre d'affaire de plus d'un milliard d'euros.
- ADP, aussi étonnant que cela soit, est le plus grand propriétaire foncier de la région île de France puisque les aéroports couvrent 6 686 hectares, dont une partie, 410 h, n'est pas bâtie sur laquelle est prévue une extention le Terminal 4 auquel s'opposent une grande partie des communes riveraines et de leurs habitants.
Il détient aussi un grand nombre de bâtiments : hôtels, hangars,bureaux, qui recouvrent une surface d'à peu près 1 million de m. carrés.
- ADP figure aussi au capital de nombreux aéroports, directement, pour ceux d'Amman, Santiago, Zageb... ou par l'intermédiaire de TAV Airport, pour Istanbul, Izmir ce qui en fait le leader mondial du secteur avec 281 millions de passagers.
- ADP a engrangé 610 millions de bénéfices (+6,9 %) en 2018 pour un chiffre d'affaire en forte augmentation.
En conclusion ADP est une "bonne affaire" comme on dit, et on pourrait penser que l'Etat veuille le garder dans son giron
puiqu'il était jusqu'à une date récente encore actionnaire à plus de 67 % ...!
Petit historique
Etablissement Public détenu à 100% par l'Etat jusqu'en 2005, il a été transformé en société anonyme dont l'Etat ne contrôlait plus que 67 % , lorsqu'en 2006 il a été introduit en bourse.
Actuellement l'Etat, à la suite de cessions,( 8% à Royal Shiphol Group, 8% à Vinci, 22% pour divers investiteurs institutionnels, 5,1% au Crédit Agricole et à des actionnaires individuels et des salariés) n'est actionnaire que pour un peu moins de la moitié du capital.Ce groupe " ... représente encore un gros joyau, puisqu'il constitue en valeur la deuxième participation dans les entreprises côtées au CAC 40, il pèse plus de 9,7 milliards d'euros soit près de 12% du portefeuille boursier des participations de l'Etat." (Le Monde 13/03/2019)
Le groupe ADP verse donc à l'Etat des dividendes : 174 millions d'euros en 2018, dividendes dont on peut prévoir qu'ils augmententeront puisque correlés à la hausse du résultat net (X2 en 5 ans).
Alors pourquoi vouloir privatiser ADP ?
Quelques éléments de réponse :
( pour plus d'informations voir l'excellent article www.lemonde.fr/les- decodeurs/articles/2019/03/13/loi-pacte-les-enjeux-de-la-privatisation-d-aeroports-paris-en-six-questions_5435432_4355770.htm)
En raison de la loi Pacte-art. 44- pour "...donner aux entreprises les moyens d'innover..." et créer un fond de 10 milliards d'euros...
Sans doute aussi pour réduire l'endettement de l'Etat ...
Début février 2019 le Sénat a voté à une large majorité contre l'article 44 qui prévoit de modifier le statut d'ADP, et le lendemain 250 députés et sénareurs de tous bords politiques (socialistes, communistes, les Républicains la France Insoumise) ont lancé une procédure en vue d'organiser un Référendum d'Initiative Partagée contre la Privatisation d'ADP.
2) Le début d’un déconfinement progressif est prévu pour le 11 mai prochain. Ce même jour, Air France fera décoller de Paris trois vols à destination de Montpellier, Bordeaux et Brest ! Le transport aérien rejette pourtant 40 fois plus de gaz à effet de serre que le train, et ces destinations bénéficient d’une desserte rapide par TGV, tout aussi efficace en terme de temps de parcours !
Après avoir reçu 7 milliards d’euros d’aides de l’État Français, cette compagnie aérienne va utiliser cet argent pour relancer des vols intérieurs et ainsi concurrencer les liaisons ferroviaires !
Cette annonce est d’autant plus insoutenable que le ministre de l’Économie avait promis que l’aide de l’État serait conditionnée à des engagements climatiques. Force est de constater que cet engagement n’était qu’un leurre. La priorité du vieux monde climaticide est de sauver les industries carbonées et ce, en endettant les générations futures.
Cet argent manquera à la transition écologique. La crise du Covd19 doit être l’occasion d’opérer une mutation profonde de ce secteur climaticide.
D’ici au 11 mai, interpellons la ministre de l’Écologie (étonnamment discrète !) et le ministre de l’Économie afin qu’Air France n’utilise pas les aides de l’État Français pour concurrencer le train.